jeudi 5 août 2010

Impression numérique.

Les impressions numériques sont par contre apparues très tard (en photographie), au début des années 90, avec des résultats assez catastrophiques en qualité mais surtout en résistance au vieillissement. Comme en argentique, papiers et encres jouent un rôle primordial, mais avec des contraintes différentes. Il a donc fallu tout réinventer, et ce fut long et fastidieux, pour le moins !

Les traitements chimiques pour le blanchiement du papier peuvent provoquer un jaunissement des encres dans le temps. Les encres elles-mêmes sont tout aussi importantes, et des progrès énormes ont été fait de coté là (je me souviens d'impression toute verte après 4 mois sur un mur !!). C'est finalement l'association papier-encres qui définit la qualité d'un tirage, tant en fidélité des couleurs, en piqué, en contraste et densité (on parle de d-max d'un papier), qu'en longévité.

Il y a encore 2/3 ans par exemple, il était impossible de retrouver sur un tirage numérique noir et blanc la qualité d'un tirage argentique baryté, avec une grande profondeur des noirs (mais sans à plat !), des contrastes importants mais denses, et un certain velouté au touché ... Face à 150 ans de mise au point en argentique, le numérique ne pouvait rivaliser, et on peut le comprendre aisément. Sans parler de ces habitudes qu'il est si difficile de changer.


Face à cet état de fait, certains fabricants ont mis au point des procédés qui donnent aujourd'hui aux impressions jet d'encre ses lettres de noblesse. Epson, puis HP et Canon ont développé de nouvelles encres pigmentaires, résistantes à la lumière (conservation et longévité) et de meilleures qualité, notamment face au bronzing et au métamérisme. L'encre n'est plus simplement déposée sur le papier, la rendant sensible à la lumière, mais encapsulée sous forme de pigments dans une résine. Les fabricants de papier (Epson, Canson, Arches, Hahnemühle, Ilford, Harman, ...) ont eux aussi développé de nouveaux papiers, spécialement adaptés à ces procédés d'impression et à ces nouvelles encres. La qualité des papiers en terme de rendu et de matière a également énormément progressée, et c'est diversifiée (matte, satiné, brilliant, baryté, texturé, aquarelle, toile, etc).

Les tirages sur papier fine art et encres pigmentaires sont aujourd'hui très fiables, autour de 100 ans (et jusqu'à 200 ans à l'abri de la lumière de la polution !), et n'ont rien à voir avec les tirages à quelques euros d'un minilab en terme de qualité (en prix non plus d'ailleurs !). Le seul reproche que l'on peut encore faire aux tirages jet d'encre concerne leur faible résistance à l'abrasion, sur laquelle travaillent les fabricants d'encres et de papiers. Il faut donc éviter que les chats se fassent les griffes dessus ...

Epson à depuis 2003 développé un label pour les tirages d'art, la «Digigraphie», répondant à un cahier des charges strict sur l'emploi des encres UltraChrome (pigmentaires) avec certaines imprimantes et certains types de papiers certifiés, en édition limitée, signé par l'artiste. Toutefois, HP et Canon ayant eux aussi ce types d'encres et de papiers, l'avenir nous dira ce qu'il adviendra de ce label, qui a une visibilité assez faible, voire inexistante en dehors de France. Le standard n'est pas à une marque, mais à une technologie et à la rigeure de sa mise en oeuvre.

Digigraphie ou pas, Epson, HP et Canon ont donc des solutions d'impressions «fine art» ayant toutes en commun :
  • Procédé de reproduction digitale (calibration, fidélité, reproductibilité).
  • Encres pigmentaires : pigments encapsulés dans une résine (longévité et durabilité).
  • Supports de qualité beaux-arts, sans acide (qualité, diversité et longévité).
Face à l'achat d'une oeuvre, un amateur d'art devra donc toujours se renseigner sur les procédés d'impressions de l'oeuvre (encres et papier utilisés), et ne pas hésiter à se renseigner, auprès de galeristes ou d'agents d'art, avant d'investir. Car les solutions sont bien là, mais encore méconnues du grand public et parfois même des artistes !